11/10/2020 53km D+2440
Récit par Romain, qui a enfin pu faire le... fortiche au Trail des Forts !
L’aventure commence en 2018, année de ma 1ère inscription au trail des forts de Besançon, course qui semble allier nature + de la ville et son patrimoine. Je n’ai finalement pas pu y participer, ma femme ayant une infection qui l’a beaucoup affaiblie.
En 2019, une opération de l’hernie inguinale m’empêche à nouveau de participer. En 2020, c’est sûr, ce sera la bonne.
Inscription donc pour la session d’avril 2020… et la crise COVID-19 est arrivée accompagnée de la période de confinement. Je commence à me dire que j’ai la poisse ! Le trail est reporté le 11 octobre 2020.
Cet été, j’essaie de courir régulièrement pour ne pas trop perdre la main au cas où la course a réellement lieu. Mais bon, il faut bien avouer qu’en solo, au milieu des vacances, des barbecues, des bières et des glaces, pas simple d’être assidu J.
Heureusement, les entraînements de la Foulée reprennent ! Ca fait du bien de revoir du monde et le fractionné (même si cela ne me manquait pas trop) va m’aider à retrouver de l’endurance.
Plus la date approche, plus les cas positifs au Covid et les hospitalisations augmentent. La 2ème vague pointe le bout de son nez, beaucoup de courses sont annulées, je commence à perdre espoir. Je me dis chaque jour et ce jusqu’à la dernière semaine, que l’édition 2020 des forts va elle aussi être annulée.
Finalement, le trail est maintenu !
Préparation du sac donc, ça faisait longtemps… J’ai dû mal à me décider et emmène un peu de tout (short, pantalon, gants, bonnet, t-shirt manches longues, manches courtes, manchons…) car la météo annonce 3° le matin, 10° en début d’après-midi et potentiellement de la pluie alors qu’il fait beau avec 20° à Meyzieu.
Départ en famille le vendredi soir chez ma belle-sœur qui vit dans le Doubs à Gilley à 45min de Besançon. Samedi journée tranquille avec visite de Dinozoo avec les enfants, très sympa et peu fréquenté.
Dans l’après-midi, je me dis qu’à la veille de la course, il faudrait peut-être que je relise le règlement. Et là, catastrophe ! Je découvre que les bâtons ne sont pas autorisés. Le doute s’installe, il y a 2440 D+ et à part quelques sorties au parc du fort de Meyzieu, je me suis très peu entraîné pour affronter ce dénivelé. J’ai déjà fait des courses plus ardues mais cela remonte à un moment, en plus je faisais quelques trails plus courts en amont pour me préparer et surtout j’avais mes bâtons pour soulager les jambes. Cette année, je n’ai participé qu’aux 16km du trail urbain de Caluire en février et tout à coup ma préparation me semble un peu légère.
Je ne vais de toute façon pas reculer tant pis, on verra bien, je mettrai le temps qu’il faudra. Réveil à 5h30, j’ai finalement décidé de tenter le short + manchons, un t-shirt manche longue + la veste ça devrait suffire pour affronter les températures en baisse. Brouillard, -1° affiché dans la voiture, pas besoin de gratter le pare-brise mais je prends les gants J.
Personne sur la route mais vigilance par rapport à la météo et aux radars très nombreux (au moins 4) sur les 50 km à parcourir.
Arrivée à Besançon à 6h45, il y a déjà beaucoup de monde mais je suis large pour retirer mon dossard. Le départ est à 7h30.
Mesures COVID obligent, port du masque jusqu’au passage de la ligne de départ. Plusieurs vagues sont organisées toutes les 4 minutes, je suis dans la 3ème apparemment. En attendant que les premiers s’élancent, nous devons respecter le marquage au sol, chaque coureur se place sur un point orange marqué à la bombe pour respecter une distance de 1m.
7h40 c’est parti, je fais enfin le trail des forts ! Je me sens bien, la température est remontée à 3-4 degrés, je n’ai pas froid mais il faut bien les gants. L’adrénaline, le plaisir de participer de nouveau à une course organisée me donne des ailes, je pars bien sans avoir l’impression de monter trop dans les tours, je dépasse beaucoup de traileurs et pense même avoir rattrapé une partie de la 2ème vague au bout de quelques km. Méfiance, je sais que j’ai tendance à partir trop vite et avoir un coup de mou en milieu de course mais bon je n’aime pas rester dans le troupeau… Passage par quelques forts, vue en surplomb de Besançon, quai le long du Doubs dans la ville, parcours mixant ville et nature comme prévu J. Après une bonne montée et quelques descentes roulantes, les 11 premiers km passent vite et j’arrive déjà au 1er ravitaillement.
Suite aux mesures COVID, 4 sont prévus sur le parcours dont seulement 2 pour la nourriture. Je n’ai pratiquement pas touché à ma boisson, je me sens bien, je décide donc de poursuivre sans m’arrêter et de profiter de la météo qui est finalement très clémente avec de belles éclaircies.
15ème km, après un peu plus de 2h de course, la pluie se met à tomber, les montées/descentes sont plus raides et surtout beaucoup plus boueuses et techniques. Il y a parfois des escaliers avec des rondins très glissants, des parties rocailleuses qui nécessitent d’être plus prudents. Peu à peu le moral baisse, je sens mes muscles se raidir … L’euphorie du départ est partie, je suis déjà dans le dur alors que j’ai à peine fait le 1/3 du parcours. Je me dis que ça va être long et que je suis encore reparti dans mes travers.
Le parcours alterne montées et descentes, je ne parviens pas à trouver de rythme, il faut sans cesse relancer et j’ai de plus en plus de mal. Je serre les dents jusqu’au prochain ravito km21 et prends le temps de bien m’alimenter avec barre de céréale, pâte de fruit et banane. Pas beaucoup + de choix, restrictions // coronavirus, dommage j’aurai bien mangé un sauc’ ou du fromage !
Après cet arrêt de quelques minutes, j’ai du mal à repartir. Beaucoup de coureurs me dépassent et ça me plombe. Le temps avance lentement, les km surtout, je pense sans cesse aux km26-27 qui marqueront la moitié du chemin. Une fois atteint, je ne pense plus qu’au 30ème, je me claque les cuisses pour m’encourager dans les montées, mais pas ou peu de réponses. Je suis déçu, comme d’habitude, je ne tiens pas la distance et me dis encore une fois que je suis parti trop vite.
Je traîne ma peine jusqu’au 3ème ravito, autour du km35, j’ai froid, il pleut toujours, j’aurais bien bu une soupe, mais là aussi seulement bananes et barres… Je pensais mettre à peu près 7h pour arriver à bout de ces 53km, là je crois que ce sera plutôt 8 ou plus.
Je repars et cette fois le moral revient petit à petit, j’ai fait plus de la moitié et je sais que dans 10-11km, je serai au fort de la Citadelle, la dernière difficulté avant de descendre pendant quelques km vers la ligne d’arrivée. Les jambes répondent de nouveau, le terrain permet plus de les relâcher aussi avec des descentes roulantes, peu techniques, et j’avale de nouveau les kms. J’avais peut-être oublié que les grosses difficultés étaient à mi-course, il est vrai que j’avais peu étudié le parcours contrairement à d’habitude et le profil n’est pas affiché sur le dossard comme cela se fait parfois. Un autre espoir me porte, celui que ma femme et mes enfants me fassent la surprise de m’attendre à l’arrivée.
Ravito 4 vers le km44-45. Je remplis mes gourdes et repars rapidement. Je sens l’odeur de l’arrivée. On entend parfois des tams tams. Est-ce la fin de la course ? Non, le bruit disparait, revient plusieurs fois après quelques détours, il s’agit en fait d’un groupe de musique près du dernier fort. Je double de nouveau des traileurs, malgré la côte qui amène à la Citadelle. Superbe passage le long des remparts avec une très belle vue en contre-bas… sur l’arrivée ! Je me dis à la fois que la descente va être raide mais que je suis aussi tout proche de la fin. Encore des escaliers, mais cette fois j’enchaîne, je continue à rattraper des concurrents.
Dernier pont à passer pour traverser le Doubs, dernier virage à droite puis une dernière ligne droite pour rallier l’arrivée de la Rodia. Je donne tout et là, quel bonheur, je vois ma femme, mes enfants et ma belle-sœur qui ont fait le trajet pour me voir et me ramener J. Mon fils me rejoint pour courir avec moi les 100 derniers mètres et passer la ligne d’arrivée ensemble main dans la main ! 6h56 d’efforts et ma plus belle récompense à l’arrivée car ma famille ne m’accompagne pas souvent dans mes défis. Même si j’aurais préféré être plus constant, je suis heureux de mon temps, j’ai retrouvé un second souffle qui m’a permis de finir fort et de passer en dessous de la barre des 7h.
On me remet un sac avec de la nourriture et un cadeau, il ne faut pas trainer par rapport aux mesures COVID, pas de tables avec boissons et nourritures comme à l’accoutumé, pas de douches ni de vestiaires. Peu importe, je savoure avec les miens !
Un superbe trail malgré la météo et les contraintes COVID. L’organisation a bien géré et vraiment le parcours est fabuleux : passage par les 10 forts du 18 et 19ème siècle, des superbes points de vue, un peu de ville pour découvrir Besançon et ces beaux bâtiments via les quais du Doubs, une majorité du parcours dans la nature avec passage devant une cascade et des forêts magnifiques (parties avec branches, bois recouverts de mousse, lichen de couleur vert claire, j’aurais cru être dans un faux décors) => je recommande !
Et pour faire plaisir aux enfants et aussi à papa, une médaille à l’arrivée J.